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Vers une approche intégrant deux notions apparemment opposées : time out et éducation positive

Avantages de l'éducation positive

Introduction 

Le changement dans les méthodes éducatives a été fulgurant depuis l’avènement des neurosciences. Ces derniers temps, beaucoup de professionnels de santé se positionnent sur les réseaux sociaux par rapport aux différentes méthodes, en particulier autour de l’éducation positive et du time-out, en prenant parti pour l’un ou l’autre.

Certains partisans de l’éducation positive qualifient le time-out de violence éducative ordinaire (VEO) alors que d’autres considèrent que les principes de l’éducation positive exposent à trop de laxisme – et donc pas assez de limites – de la part des parents vis-à-vis de leurs enfants. À côté de cette vision manichéenne, il y a ceux qui considèrent que ces deux notions peuvent tout à fait cohabiter. 

Mais quelle posture éducative adopter ? 

Ce que les études disent 

Les études s’accordent à dire que les pratiques parentales soutenant les limites et le cadre (en d’autres termes le contrôle positif) sont tout aussi importantes que le soutien à l’autonomie (Distefano & al., 2018). Par soutien à l’autonomie, on entend le fait de guider l’enfant dans la construction de son autonomie tout en respectant sa personne. 

Ainsi, le fait de lâcher prise dans le contrôle au quotidien donne à l’enfant l’occasion d’agir de lui-même. Attendre qu’il sollicite de l’aide avant d’intervenir contribue à soutenir son autonomie.

Les fonctions exécutives 

La littérature nous dit par ailleurs que les pratiques parentales ont un rôle important dans le développement des fonctions exécutives (FE) de l’enfant. Ce sont elles qui permettent en effet de réguler notre comportement, nos émotions, notre cognition (attention, concentration etc.) mais aussi notre autonomie (Anderson, 2002).

Il se trouve que parmi les FE, le contrôle inhibiteur permet aux enfants de respecter les limites fixées, en jouant le rôle de « stop ».

La plupart des parents cherchent à faire coexister bienveillance et autonomie mais se sentent de plus en plus perdus avec une confusion entre les comportements réellement maltraitants et le juste positionnement d’un cadre éducatif.

Les parents ont un rôle mais ne savent pas exactement lequel, ils ne connaissent pas les effets concrets de leurs pratiques sur les FE.

En tant que parents, comment trouver la juste quantité entre autonomie et limites? Et en tant que thérapeutes, comment accompagner les parents dans ce juste équilibre ?

Le défi des thérapeutes 

Malgré les apports des neurosciences, les thérapeutes de l’enfance sont également démunis pour transmettre ce juste positionnement aux parents, ce qui constitue un véritable défi pour eux.

Ils reçoivent en effet fréquemment en consultation des patients avec des plaintes au niveau comportemental, émotionnel et dans les apprentissages qui sont en lien avec les FE. Or, ces fonctions sont très sensibles à l’environnement, notamment aux pratiques parentales (Gartner et al. 2018). Il est donc possible pour les professionnels d’agir de manière efficace et brève sur ces sphères si on sait intégrer les parents dans cette démarche. 

Le défi des thérapeutes est de savoir inclure les parents de manière concrète et spécifique aux profils spécifiques de leurs enfants. 

Méthode pour thérapie enfants Dys et TDAH
Vers une approche intégrant deux notions apparemment opposées : time out et éducation positive 2

Le prise en charge de CPIM

En ce sens, la prise en charge que nous proposons avec CPIM (Child-Parent Interregulatory Method) permet de répondre à ces défis rencontrés par les parents et les thérapeutes.

Selon nos thérapeutes interviewés, CPIM permet de faire coexister autonomie et cadre.  

CPIM est une prise en charge permettant de faire coexister autonomie et cadre dans un bel équilibre.  Au regard de la littérature, la juste quantité d’autonomie/liberté (soutien à l’autonomie) et de contrôle/limites (contrôle positif du comportement) participe à stimuler les FE de l’enfant et est donc nécessaire  au bon développement de ce dernier d’un point de vue cognitif, comportemental et émotionnel.

Par contre, trop de contrôle ou trop d’autonomie peut être néfaste pour le développement exécutif. Le défi est donc de trouver ce juste milieu pour chaque enfant qui est différent.

Et cela est possible grâce au dispositif expérimental CPIM créé et testé depuis 2012 auprès de familles mexicaines, et depuis 2018 auprès de familles belges, françaises et suisses entre autres. En effet, celui-ci permet d’identifier cette juste quantité d’autonomie/liberté (soutien à l’autonomie) et de contrôle/limites (contrôle positif du comportement) pour ensuite proposer une prise en charge “sur mesure” favorisant la coexistence équilibrée de ces deux pratiques parentales. Il devient ainsi possible pour le thérapeute d’agir de manière brève et efficace sur les plaintes au niveau cognitif, comportemental et émotionnel. Par ailleurs, nos thérapeutes observent également un effet positif sur le niveau d’empathie, d’estime et de confiance de l’enfant. 

Enfin, CPIM permet de s’ajuster finement aux besoins de l’enfant, en tenant compte de son point de départ, de ses caractéristiques intrinsèques, de celles de ses parents et de leurs interactions. Les parents sont autant acteurs que leurs enfants dans cette démarche. 

Cette prise en charge brève, écologique (c’est à dire directement dans l’environnement de l’enfant, sans matériel) et adaptée à chaque famille explique son efficacité et donc les améliorations significatives chez les enfants, tout en ayant une répercussion positive sur l’ambiance familiale.

Nous avons interrogé 7 thérapeutes formés à l’approche CPIM pour savoir ce que cette approche pouvait apporter par rapport à ces notions d’éducation positive et de time-out.

Merci à Sonia Berthalon, psychopédagogue, Sandra Van Geert, neuropsychologue,, Gaelle Messina, psychologue, Marie Aube Lambert, psychologue, Alice Meyvaert, psychologue, d’avoir répondu à nos questions concernant ce débat.

Merci également à Stéphanie Soulié, neuropsychologue pour la rédaction de l’article et à Charline Lemaire, psychologue et psychothérapeute pour sa relecture, toutes deux également interviewées.

Sources

  • Anderson, P. (2002). Assessment and Development of Executive Function (EF) During Childhood. Child Neuropsychology, 8(2), 71–82. https://doi.org/10.1076/chin.8.2.71.8724
  • Chevalier, N. (2010). Les fonctions exécutives chez l’enfant: Concepts et développement. Canadian Psychology/Psychologie Canadienne, 51(3), 149–163.
  • Distefano, R., Galinsky, E., McClelland, M. M., Zelazo, P. D., & Carlson, S. M. (2018). Autonomy supportive parenting and associations with child and parent executive function. Journal of Applied Developmental Psychology, 58, 77–85.
  • Gärtner, K. A., Vetter, V. C., Schäferling, M., Reuner, G., & Hertel, S. (2018). Training of parental scaffolding in high-socio-economic status families: How do parents of full- and preterm-born toddlers benefit?. British Journal of Educational Psychology, 88(2), 300–322. doi:10.1111/bjep.12218
  • Grolnick et al. (1997) Predictors of Parent Involvement in Children’s Schooling September 1997Journal of Educational Psychology 89(3):538-548 DOI:10.1037/0022-0663.89.3.538
  • Kolb, B., Mychasiuk, R., Muhammad, A., Li, Y., Frost, D. O., & Gibb, R. (2012). Experience and the developing prefrontal cortex. Proceedings of the National Academy of Sciences 109, 17186-17193.

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